Chaque fois que je regarde les images pieuses de Laure Boin, je ris aux éclats. Elle maîtrise à la perfection le détail satirique et utilise son formidable talent artistique pour modifier avec une grande subtilité les chromos saint-sulpiciens et autres lithographies.

Ses modifications se fondent si bien dans les dessins que l’œil est toujours surpris, frappé à chaque nouveau regard.

Le message satyrique reste aussi frais et net que lorsqu’on le découvre pour la première fois.

Les chrétiens sincèrement religieux ne seront certainement pas du tout amusés par ce qu’ils voient, Laure en est consciente. Je pense qu’elle a fait un choix délibéré et que sa satyre de l’iconographie chrétienne pourra en scandaliser certains.

Autrefois, l’on trouvait ces images pieuses dans la plupart des foyers français. Cette époque est révolue. Aujourd’hui, on trouve couramment ces images dans les brocantes et les marchés aux puces.

En majorité, les Français ne sont plus ni religieux ni anti-religieux, et tandis que certains seront choqués, beaucoup réagiront au contenu satyrique comme moi, par le rire.

L’humour est souvent de nature sexuelle. De toute évidence, Laure a puisé son inspiration dans la sexualité réprimée inhérente à la manière dont les images de Jésus et la Sainte Mère sont représentées, toujours jeunes, beaux, le regard plein de douceur. En explorant ses images, l’œil découvre avec jubilation les détails sexuels si adroitement exécutés qu’ils semblent faire partie de l’original.

Laure a rehaussé des images magnifiques mais stériles, qui après des décennies d’une existence moribonde retrouvent du sens, de l’humour et de la vie.

R. Crumb, août 2014